Les rêves
Le rêve est un phénomène naturelDans notre civilisation occidentale, l'interprétation des rêves a été interdite dès les premiers siècles de l'ère chrétienne par l'église catholique. Au moyen-âge, cette interdiction était imposée avec violence par l'inquisition. L'étude des rêves était assimilée aux pratiques divinatoires comme le tarot ou l'astrologie. Elle est restée interdite jusqu'en 1992 par l'article R. 34 du Code Napoléon, l'ancien code pénal.
Depuis 1992, le nouveau Code Pénal n'interdit plus l'analyse des rêves. Rien ne s'oppose désormais à un véritable travail analytique et scientifique, aussi bien sur un plan théorique que pratique avec les patients.
Dans les années 60, la découverte du sommeil paradoxal est une véritable révolution. La neurobiologie prouve que le rêve est un phénomène naturel qui correspond à une véritable fonction physiologique, ainsi :
Le cerveau ne se repose pas la nuit,
Le rêve est une fonction physiologique à part entière,
Le rêve n'a rien à voir avec l'occultisme, le tarot, l'astrologie...
Le rêve a d'autres fonctions que celle que Freud lui accordait.Selon Léon d'Hervey de Saint-Denys, le rêve (les visions que nous avons en songe) est la représentation aux yeux de notre esprit des objets qui occupent notre pensée.
Il survient pendant le sommeil, tandis que le corps est physiologiquement au repos. Sa structure est diffuse et dynamique. Il fonctionne généralement sur le mode hallucinatoire dans le sens d'une perception sans objet (la plupart du temps visuelle, auditive et/ou tactile).
Avec l'éveil et le sommeil, le rêve est, pour les neurobiologistes, le troisième état du cerveau. Dans la tradition indienne, il existe un quatrième état : Turiya.
Le rêve a toujours exercé une fascination chez l'être humain en raison de deux questions fondamentales qu'il lui pose : son rapport au réel et son rapport à l'activité consciente éveillé. D'autre part sa fonction reste une énigme et de nombreuses hypothèses sont actuellement à l'étude.
Interprétation des rêvesLes rêves, ces images mystérieuses qui nous apparaissent dans le sommeil, ont-ils un sens ou ne sont-ils qu'élucubrations sans queue ni tête du cerveau au repos ?
Dans l'Antiquité (Egypte, Assyrie, Grèce, Rome…), les rêves étaient considérés comme des présages de l'avenir ou des recommandations pour soigner une maladie. Selon l'Ancien testament, les rêves faits à la fin de la nuit indiquent ce qui va se passer. Les superstitions populaires voient dans les rêves des signes, soit bénéfiques, soit maléfiques. Ainsi, en Bretagne, les femmes de marins "apprenaient" par les rêves le naufrage de leur mari.
Interprétation psychologique et symboliqueDès le XVIIIe siècle, des philosophes allemands voient dans les rêves "une langue primitive et naturelle de l'âme". Au XIXe siècle, F. Nietzsche écrit que "nous revivons en rêve ce qui a été pensé par une humanité antérieure". Mais c'est avec Sigmund Freud et l'invention de la psychanalyse que naît une véritable science de l'interprétation : pour lui, le rêve est toujours la réalisation d'un désir. Ce désir, généralement d'ordre sexuel, interdit par la réalité, la société, ou la loi, est refoulé, et n'apparaît que masqué. L'angoisse de le voir réalisé engendre les cauchemars.
Si l'interprétation des rêves est à la charge du rêveur, Freud désigne des équivalents entre les images du rêve et leur sens caché, sorte de codification du langage des songes.
Un puzzle à reconstruireL'étrangeté du rêve, c'est l'association incongrue d'images. Pour lui donner un sens, chaque fragment doit être détaché de l'ensemble et étudié séparément. Freud remarque que, dans les rêves, une chose signifie parfois son contraire : ainsi la nudité est représentée pas des habits, voire des uniformes. Le rêveur voit rire ou pleurer un protagoniste du rêve, alors que ces sentiments doivent lui être attribués ! Une fois un sens donné à chaque élément, une fois l'association faite avec des événements vécus plus ou moins récemment, il devient possible de comprendre ce qui s'est joué durant le sommeil. Jung, dissident de Freud, estime, lui, que le rêve joue un rôle d'équilibre compensatoire dans la vie de l'individu. Son interprétation du rêve se rapporte à une mythologie universelle.
Petit lexique du rêveL'interprétation des rêves dépend énormément du vécu de chacun. Néanmoins, certains événements oniriques évoquent des symboles forts :
- Les rêves d'eau ou de baignade sont associés à la naissance et à l'accouchement ;
- Un départ en voyage, un trajet en train se rapportent à la mort ;
- Les activités rythmiques, comme jouer du piano, la danse, l'équitation, grimper à une échelle, ou même être écrasé par une voiture, évoquent les rapports sexuels ;
- Les couples royaux, comme dans les contes, suggèrent les parents ;
- L'appareil génital féminin est représenté par des cavernes, vases, chambres, coffret à bijoux, portes ;
- Le sexe masculin, lui, par une canne, un parapluie, un crayon, des arbres, un reptile, un chapeau ;
- La pénétration est symbolisée par les armes pointues (couteaux, poignard) ou par les armes à feu, ce que l'on retrouve dans les cauchemars de jeunes filles poursuivies par un homme armé ;
- La sensation de glisser, ou d'une descente brusque, l'arrachage d'une branche, correspondent à la masturbation ;
- L'érection du sexe masculin, du fait de son défi à la pesanteur, est symbolisé par des rêves de légèreté, de vol, souvent très agréables.
Bien sûr, ces associations ne sont pas une règle absolue. Les rêves garderont toujours un peu de mystère. A vous de voir si vous souhaitez absolument les interpréter ou si vous préférez leur laisser une part d'inexplicable...